sourire dédaigneux apparut sur ses lèvres. Puis, se penchant vers Nadia, elle lui dit à voix basse :
« Tu ne me connais plus, ma fille ! Quoi qu’il arrive, et si dure que puisse être cette épreuve, pas un mot, pas un geste ! C’est de lui et non de moi qu’il s’agit ! »
À ce moment, Sangarre, après l’avoir regardée un instant, mit sa main sur l’épaule de la vieille Sibérienne.
« Que me veux-tu ? dit Marfa Strogoff.
— Viens ! » répondit Sangarre.
Et, la poussant de la main, elle la conduisit, au milieu de l’espace réservé devant Ivan Ogareff.
Michel Strogoff tenait ses paupières à demi fermées, pour n’être pas trahi par l’éclair de ses yeux.
Marfa Strogoff, arrivée en face d’Ivan Ogareff, redressa sa taille, croisa ses bras et attendit.
« Tu es bien Marfa Strogoff ? lui demanda Ivan Ogareff.
— Oui, répondit la vieille Sibérienne avec calme.
— Reviens-tu sur ce que tu m’as répondu lorsque, il y a trois jours, je t’ai interrogée à Omsk ?
— Non.
— Ainsi, tu ignores que ton fils, Michel Strogoff, courrier du czar, a passé à Omsk ?
— Je l’ignore.
— Et l’homme que tu avais cru reconnaître pour ton fils au relais de poste, ce n’était pas lui, ce n’était pas ton fils ?
— Ce n’était pas mon fils.
— Et depuis, tu ne l’as pas vu au milieu de ces prisonniers ?
— Non.
— Et si l’on te le montrait, le reconnaîtrais-tu ?
— Non. »
À cette réponse, qui dénotait une inébranlable résolution de ne rien avouer, un murmure se fit entendre dans la foule.
Ivan Ogareff ne put retenir un geste menaçant.
« Écoute, dit-il à Marfa Strogoff, ton fils est ici, et tu vas immédiatement le désigner.
— Non.
— Tous ces hommes, pris à Omsk et à Kolyvan, vont défiler sous tes yeux,