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« Courage, mon brave cheval ! s’écria Michel Strogoff. Allons ! Un dernier effort ! »

Et il se précipita dans le fleuve, qui mesurait en cet endroit une demi-verste de largeur.

Le courant, très-vif, était extrêmement difficile à remonter. Le cheval de Michel Strogoff n’avait pied nulle part. Donc, sans point d’appui, c’était à la nage qu’il devait couper ces eaux rapides comme celles d’un torrent. Les braver, c’était, pour Michel Strogoff, faire un miracle de courage.

Les cavaliers s’étaient arrêtés sur la berge du fleuve, et ils hésitaient à s’y précipiter.

Mais, à ce moment, le pendja-baschi, saisissant son fusil, visa avec soin le fugitif, qui se trouvait déjà au milieu du courant. Le coup partit, et le cheval de Michel Strogoff, frappé au flanc, s’engloutit sous son maître.

Celui-ci se débarrassa vivement de ses étriers, au moment où l’animal disparaissait sous les eaux du fleuve. Puis, plongeant à propos au milieu d’une grêle de balles, il parvint à atteindre la rive droite du fleuve et disparut dans les roseaux qui hérissaient la berge de l’Obi.


CHAPITRE XVII

versets et chansons.


Michel Strogoff était relativement en sûreté. Toutefois, sa situation restait encore terrible.

Maintenant que le fidèle animal, qui l’avait si courageusement servi, venait de trouver la mort dans les eaux du fleuve, comment, lui, pourrait-il continuer son voyage ?

Il était à pied, sans vivres, dans un pays ruiné par l’invasion, battu par les éclaireurs de l’émir, et il se trouvait encore à une distance considérable du but qu’il fallait atteindre.

« Par le ciel, j’arriverai ! s’écria-t-il, répondant ainsi à toutes les raisons de défaillance que son esprit venait un instant d’entrevoir. Dieu protège la sainte Russie ! »

Michel Strogoff était alors hors de portée des cavaliers usbecks. Ceux-ci