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— Alors, vous ne savez pas non plus ce qu’était devenu ce nourrisson, quand fut rendu le jugement qui lui donnait gain de cause ?

— Et qu’était-il, s’il vous plaît ?

— Colonel des hussards de la garde ! »

Et, sur cette réponse, tous d’éclater de rire.

Quant à Alcide Jolivet, enchanté de sa repartie, il tira son carnet de sa poche et y inscrivit en souriant cette note, destinée à figurer au dictionnaire moscovite :

« Télègue, voiture russe à quatre roues, quand elle part, — et à deux roues, quand elle arrive ! »


CHAPITRE XII

une provocation.


Ekaterinbourg, géographiquement, est une ville d’Asie, car elle est située au delà des monts Ourals, sur les dernières pentes orientales de la chaîne. Néanmoins, elle dépend du gouvernement de Perm, et, par conséquent, elle est comprise dans une des grandes divisions de la Russie d’Europe. Cet empiétement administratif doit avoir sa raison d’être. C’est comme un morceau de la Sibérie qui reste entre les mâchoires russes.

Ni Michel Strogoff ni les deux correspondants ne pouvaient être embarrassés de trouver des moyens de locomotion dans une ville aussi considérable, fondée depuis 1723. À Ekaterinbourg, s’élève le premier Hôtel des monnaies de tout l’empire ; là est concentrée la direction générale des mines. Cette ville est donc un centre industriel important, dans un pays où abondent les usines métallurgiques et autres exploitations où se lavent le platine et l’or.

À cette époque, la population d’Ekaterinbourg s’était fort accrue. Russes ou Sibériens, menacés par l’invasion tartare, y avaient afflué, après avoir fui les provinces déjà envahies par les hordes de Féofar-Khan, et principalement le pays kirghis, qui s’étend dans le sud-ouest de l’Irtyche jusqu’aux frontières du Turkestan.

Si donc les moyens de locomotion avaient dû être rares pour atteindre Ekaterinbourg, ils abondaient, au contraire, pour quitter cette ville. Dans les con-