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mathias sandorf.

« Décidément, murmura-t-il, j’étais né pour être factionnaire ! J’ai manqué ma vocation ! »

La seule question qu’il se posait alors était celle-ci : ces gentlemen vont-ils ou non revenir ce soir au Casino ?

Vers huit heures, Silas Toronthal et Sarcany parurent sur la porte de l’hôtel. Pointe Pescade crut entendre et comprendre qu’ils discutaient vivement.

Apparemment, le banquier tentait de résister une dernière fois aux obsessions, aux injonctions de son complice, car celui-ci, d’une voix impérieuse, finit par dire :

« Il le faut, Silas !… Je le veux ! »

Ils remontèrent alors la rampe pour gagner les jardins de Monte-Carlo. Pointe Pescade les suivit, sans pouvoir rien surprendre de leur entretien — à son grand regret.

Or, voici ce que Sarcany disait, de ce ton qui n’admet pas de réplique, au banquier dont la résistance mollissait peu à peu.

« S’arrêter, Silas, quand la chance nous revient, ce serait insensé !… Il faut que vous ayez perdu la tête !… Comment, dans la déveine, nous avons forcé notre jeu comme des fous, et, dans la veine, nous ne le forcerions pas comme des sages !…