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mathias sandorf.

à perdre les petits coups et à gagner les gros ! Tout le secret est là ! »

Quatre heures sonnaient, lorsque Sarcany et Silas Toronthal jugèrent que le moment était venu de tâter la veine. Plusieurs places étaient inoccupées à l’une des tables de roulette. Tous deux s’y assirent en face l’un de l’autre, et le chef de partie ne tarda pas à se voir entouré non seulement de joueurs, mais de spectateurs, avides d’assister à cette revanche des deux célèbres décavés de la veille.

Tout naturellement, Pointe Pescade se plaça au premier rang des curieux, et il n’était pas l’un des moins intéressés à suivre les alternatives de cette lutte.

Pendant la première heure, les chances se balancèrent à peu près. Pour mieux les diviser, Silas Toronthal et Sarcany n’avaient point associé leur jeu. Ils pontaient séparément en faisant des coups assez considérables, soit sur les combinaisons simples, soit sur les combinaisons multiples que présente la roulette, soit sur plusieurs combinaisons à la fois. Le sort ne se prononçait ni pour eux ni contre.

Mais, entre quatre et six heures, la veine sembla leur revenir. Ce maximum, qui est de six mille francs à la roulette, ils le gagnèrent un certain nombre de fois sur des numéros pleins.