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mathias sandorf.

et quarante, cent cinquante mille. C’est l’enjeu habituel de la banque, en attendant l’ouverture de la grande saison, et il est bien rare que l’administration soit obligée de renouveler cette première mise de fonds. Rien qu’avec le refait et le zéro, dont le profit lui appartient, elle doit gagner — et toujours. Si donc le jeu est immoral en soi, de plus, il est stupide, puisqu’on opère dans de telles conditions d’inégalité.

Autour de chaque table de roulette, huit croupiers, leur râteau à la main, occupaient déjà les places qui leur sont réservées. À leurs côtés, assis ou debout, se tenaient joueurs ou spectateurs. Dans les salons, les inspecteurs se promenaient en observant aussi bien les croupiers que les pontes, tandis que les garçons de salle circulaient pour le service et du public et de l’administration, qui ne compte pas moins de cent cinquante employés des jeux.

Vers midi et demi, le train de Nice amena son contingent habituel de joueurs. Ce jour-là, ils étaient peut-être plus nombreux. Cette série de dix-sept à la rouge avait produit son effet naturel. C’était comme une nouvelle attraction, et tout ce qui vit du hasard venait en suivre les péripéties avec plus d’ardeur.