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dix-sept-fois.

sans mât ni cheminée, glissait au ras de la mer, dont sa coque n’excédait la surface que de deux ou trois pieds. Bientôt, après s’être peu à peu rapproché de la pointe Focinana, au-dessous du tir aux pigeons de Monte-Carlo, il vint chercher des eaux plus tranquilles à l’abri du ressac. Alors se détacha une légère yole de tôle, qui était comme incrustée au flanc de ce bateau presque invisible. Trois hommes y prirent place. En quelques coups d’aviron, ils eurent atteint une petite grève sur laquelle ils débarquèrent à deux, tandis que le troisième ramenait la yole à bord. Quelques instants plus tard, la mystérieuse embarcation, qui n’avait trahi sa présence ni par une lueur ni par un bruit, s’était perdue dans l’ombre, sans avoir laissé trace de son passage.

Quant aux deux hommes, dès qu’ils eurent dépassé la petite grève, ils suivirent la lisière des roches en se dirigeant vers la gare du chemin de fer, et ils remontèrent l’avenue des Spelugues qui contourne les jardins de Monte-Carlo.

Sarcany n’avait rien vu. En ce moment, sa pensée l’entraînait loin de Monaco, du côté de Tétuan… Mais il n’y allait pas seul, il forçait son complice à l’accompagner.

« Silas, maître de moi !… se répétait-il, Silas,