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mathias sandorf.

terre, et il ne se fût peut-être pas relevé. Or, non seulement cette intervention du docteur Antékirtt était de nature à l’inquiéter, mais la situation actuelle de Silas Toronthal commençait à lui causer de réels soucis.

« Oui, se disait-il, lui et moi, nous sommes acculés au mur… Demain, nous allons jouer le tout pour le tout !… Ou la banque sautera ou c’est nous qui sauterons !… Que je sois ruiné par sa propre ruine, moi, je saurai me refaire ! Mais Silas, c’est autre chose ! Dès lors, il devient dangereux, il peut parler, il peut dévoiler ce secret sur lequel repose maintenant tout mon avenir !… Enfin, si jusqu’ici j’ai été maître de lui, à son tour, il devient maître de moi ! »

La situation était bien telle que la voyait Sarcany. Il ne pouvait se faire d’illusion sur la valeur morale de son complice. Il lui avait autrefois donné des leçons : Silas Toronthal ne regarderait pas à en profiter, lorsqu’il n’aurait plus rien à perdre.

Sarcany se demandait donc ce qu’il conviendrait de faire. Ainsi absorbé dans ses réflexions, il ne vit rien de ce qui se passait à l’entrée du port de Monaco, à quelques centaines de pieds au-dessous de lui.

À une demi-encablure au large, un long fuseau,