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mathias sandorf.

— Et cela en moins de deux mois…

— Un mois et seize jours !

— Sarcany !… s’écria le plus âgé, que le sang-froid de son compagnon exaspérait non moins que la précision ironique qu’il apportait à relever ses chiffres.

— Eh bien, Silas ! »

C’étaient Silas Toronthal et Sarcany qui venaient d’échanger ces propos. Depuis leur départ de Raguse, en ce court espace de trois mois, ils en étaient arrivés à la ruine ou peu s’en fallait. Après avoir dissipé toute la part qu’il avait touchée pour prix de son abominable délation, Sarcany était venu relancer son complice jusqu’à Raguse. Puis, tous deux avaient quitté cette ville avec Sava. Et alors, Silas Toronthal, lancé par Sarcany sur ces routes du jeu et de toutes les dissipations qu’il comporte, n’avait pas été longtemps à compromettre sa fortune. Il faut le dire, de l’ancien banquier, spéculateur hasardeux s’il en fut, ayant plus d’une fois risqué sa situation dans des aventures financières dont le hasard était le seul guide, Sarcany n’avait pas eu de peine à faire un joueur, un assidu de cercles et finalement de tripots.

D’ailleurs, comment Silas Toronthal eût-il pu résister ? N’était-il pas plus que jamais sous la do-