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mathias sandorf.

l’honorable classe des décavés. Oui, monsieur, et, — détail curieux, — c’était en plein été, le 16 juin 1867… J’en sais quelque chose ! »

Tels étaient les propos ou plutôt les exclamations, qui s’échangeaient dans le vestibule et jusque sur le péristyle du Cercle des Étrangers, à Monte-Carlo, dans la soirée du 3 octobre, huit jours après l’évasion de Carpena du pénitencier espagnol.

Puis, au milieu de cette foule de joueurs, hommes et femmes de toute nationalité, de tout âge, de toute classe, il se fit comme un brouhaha d’enthousiasme. On eût volontiers acclamé la rouge à l’égal d’un cheval qui aurait remporté le grand prix sur les champs de course de Longchamp ou d’Epsom ! En vérité, pour cette population, tant soit peu interlope, que l’Ancien et le Nouveau Monde déversent quotidiennement sur la petite principauté de Monaco, cette « série de dix-sept » avait l’importance d’un événement politique, qui eût modifié les lois de l’équilibre européen.

On le croira volontiers, la rouge, dans cette obstination un peu extraordinaire, n’était pas sans avoir fait de nombreuses victimes, puisque le gain de la banque se chiffrait par une somme considérable. Près d’un million, disait-on dans les groupes, — ce qui tenait à ce que la presque totalité des