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mathias sandorf.

sur la route d’un pas régulier, sans hésitation. Le gouverneur et les personnes de sa suite se tenaient à trente pas en arrière de lui, avec les deux agents du préside, qui avaient ordre de ne pas le perdre de vue.

La route, en se rapprochant de la ville, contourne l’anse que forme le second port, de ce côté du rocher de Ceuta. Sur l’eau, immobile et noire, tremblotait la réverbération de deux ou trois feux. C’étaient les hublots et le fanal du Ferrato, dont les formes se dessinaient vaguement, très agrandies par l’obscurité.

Arrivé en cet endroit, Carpena quitta la route et se dirigea sur la droite, vers un entassement de roches qui dominent la mer d’une douzaine de pieds. Sans doute, un geste du docteur qui n’avait été vu de personne, — peut-être même une simple suggestion mentale de sa volonté, — avait obligé l’Espagnol à modifier ainsi sa direction.

Les agents manifestèrent alors l’intention de presser le pas, afin de rejoindre Carpena pour lui faire reprendre le droit chemin : mais le gouverneur, sachant qu’aucune évasion n’était possible de ce côté, leur ordonna de le laisser libre.

Cependant Carpena s’était arrêté sur l’une des roches comme s’il eût été immobilisé en cet en-