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mathias sandorf.

« Il vient de passer la porte du pénitencier ! »

Le ton avec lequel ces paroles furent prononcées ne laissa pas d’impressionner singulièrement les invités de la résidence. Seul, le gouverneur continuait à hocher la tête.

Puis la conversation reprit pour et contre, tous parlant un peu à la fois, jusqu’au moment, — il était neuf heures moins cinq, — où le docteur l’interrompit une dernière fois en disant :

« Carpena est à la porte de la résidence. »

Presque aussitôt un domestique entrait dans le salon et prévenait le gouverneur qu’un individu, vêtu du costume des déportés, demandait avec insistance à lui parler.

« Laissez-le entrer », répondit le gouverneur, dont l’incrédulité commençait à faiblir devant l’évidence des faits.

Comme neuf heures sonnaient, Carpena se montra à la porte du salon. Sans paraître voir aucune des personnes présentes, bien qu’il eût les yeux parfaitement ouverts, il se dirigea vers le gouverneur, et s’agenouillant devant lui :

« Sire, dit-il, je vous demande grâce ! »

Le gouverneur, absolument interloqué, comme s’il eût été lui-même sous l’empire d’une hallucination, ne sut d’abord que répondre.