La troisième, enfin, adressée à Luigi venait de Maria. C’était plus que la lettre d’une sœur, c’était la lettre d’une mère.
Si, trente-six heures plus tôt, le docteur et Pierre Bathory se fussent promenés dans les jardins de Gibraltar, ils s’y seraient rencontrés avec Sarcany et Namir.
Cette journée fut employée à remplir les soutes du Ferrato avec l’aide de gabarres qui vont prendre le charbon aux magasins flottants, mouillés en rade. On renouvela également la provision d’eau douce, tant pour les chaudières que pour les caisses et charniers du steam-yacht. Tout était donc paré, lorsque le docteur et Pierre, qui avaient dîné dans un hôtel de Commercial Square, revinrent à bord, au moment où le canon, le « first gun fire », annonçait la fermeture des portes de cette ville, aussi disciplinairement tenue qu’un pénitencier de Norfolk ou de Cayenne.
Cependant le Ferrato ne leva pas l’ancre le soir même. Comme il lui fallait deux heures à peine pour traverser le détroit, il n’appareilla que le lendemain, à huit heures. Puis, après avoir passé sous le feu des batteries anglaises, qui voulurent bien rectifier leur tir d’exercice pour ne pas l’atteindre en pleine coque, il se dirigea à toute vapeur