— Pendant mon absence, la maison est confiée à une vieille juive, qui ne la quittera pas d’un instant ! C’est comme une prison où personne ne pénètre et ne peut pénétrer ! Sava, d’ailleurs, ne sait pas qu’elle est à Tétuan, elle ne sait pas qui je suis, elle ignore même qu’elle est en ton pouvoir.
— Tu lui parles toujours de ce mariage ?…
— Oui, Sarcany, répondit Namir. Je ne la laisse pas se déshabituer de l’idée qu’elle doit être ta femme, et elle la sera !
— Il le faut, Namir, il le faut, d’autant plus que, de la fortune de Toronthal, il ne reste que peu de chose maintenant !… En vérité, le jeu ne lui réussit guère à ce pauvre Silas !
— Tu n’auras pas besoin de lui, Sarcany, pour redevenir plus riche que tu ne l’as jamais été !
— Je le sais Namir, mais la date extrême, à laquelle mon mariage avec Sava doit être fait, approche ! Or, il me faut un consentement volontaire de sa part, et, si elle refuse…
— Je la forcerai bien à se soumettre ! répondit Namir. Oui ! je lui arracherai ce consentement !… Tu peux t’en rapporter à moi, Sarcany ! »
Et il eût été difficile d’imaginer une physionomie plus résolue, plus farouche que celle de la Marocaine, pendant qu’elle s’exprimait de la sorte.