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mathias sandorf.

était sorti, et, en attendant qu’il vienne, nous ne savons que faire de cet homme.

— Eh bien, qu’on le porte à l’hôpital ! »

Le brigadier allait faire exécuter cet ordre, quand le docteur, intervenant :

« Monsieur le gouverneur, dit-il, voulez-vous me permettre, en ma qualité de médecin, d’examiner ce dormeur récalcitrant ? Je ne serais pas fâché de le voir de plus près !

— Et, au fait, c’est bien votre affaire ! répondit le gouverneur. Un drôle qui va être soigné par le docteur Antékirtt !… En vérité, il n’aura pas à se plaindre ! »

Tous trois descendirent de la voiture, et le docteur s’approcha du condamné, qui était couché sur le talus de la route. Chez cet homme profondément endormi, la vie ne se manifestait plus que par une respiration un peu haletante et la fréquence du pouls.

Le docteur fit signe que l’on s’écartât de lui. Puis, se penchant sur ce corps inerte, il lui parla à voix basse et le regarda longuement, comme s’il eût voulu faire pénétrer dans son cerveau une de ses volontés.

Se relevant alors :

« Ce n’est rien ! dit-il. Cet homme est tout sim-