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le préside de ceuta.

D’ailleurs, la conversation fut interrompue par un arrêt subit de la voiture. Le cocher avait dû retenir ses chevaux devant un rassemblement d’une cinquantaine de déportés, qui barrait alors la route.

Le gouverneur fit signe à un des brigadiers de venir lui parler. Cet agent s’avança aussitôt vers la voiture, en marchant d’un pas réglementaire. Puis, les deux pieds joints, la main à la visière de sa casquette, il attendit militairement.

Tous les autres, prisonniers et gardiens, s’étaient rangés de chaque côté de la route.

« Qu’y a-t-il ? demanda le gouverneur.

— Excellence, répondit le brigadier, c’est un condamné que nous avons trouvé couché sur le talus. Il paraît n’être qu’endormi, et pourtant, on ne peut pas parvenir à le réveiller.

— Depuis combien de temps est-il dans cet état ?

— Depuis une heure environ.

— Et il dort toujours ?

— Toujours, Excellence. Il est aussi insensible que s’il était mort ! On l’a remué, on l’a piqué, on lui a même tiré un coup de pistolet à l’oreille : il ne sent rien, il n’entend rien !

— Pourquoi n’est-on pas allé chercher le médecin du préside ? demanda le gouverneur.

— Je l’ai envoyé chercher, Excellence, mais il