l’unique route qui met la résidence en communication avec Ceuta.
Si le gouverneur profita de l’occasion pour faire admirer les beautés plus ou moins contestables de la petite colonie, s’il parla des améliorations qu’il se proposait d’y introduire au point de vue militaire et civil, s’il ajouta que cette situation de l’ancien Abyla valait au moins celle de Calpé, de l’autre côté du détroit, s’il affirma qu’il serait possible d’en faire un véritable Gibraltar, aussi imprenable que son pendant britannique, s’il protesta contre ces insolentes paroles de M. Ford : « Que Ceuta devrait appartenir à l’Angleterre, parce que l’Espagne n’en sait rien faire et sait à peine la garder, » enfin s’il se montra très irrité contre ces tenaces Anglais qui ne peuvent mettre un pied quelque part sans que ce pied y prenne aussitôt racine, cela ne saurait étonner de la part d’un Espagnol.
« Oui, s’écria-t-il, avant de songer à s’emparer de Ceuta, qu’ils songent donc à garder Gibraltar ! Il y a là une montagne que l’Espagne pourrait bien un jour leur secouer sur la tête ! »
Le docteur, sans demander comment les Espagnols pourraient provoquer une telle commotion géologique, ne voulut point contester cette assertion, lancée avec toute l’exaltation d’un hidalgo.