Carpena s’était un instant redressé. Un premier mouvement de colère lui fit monter le sang aux yeux. Ainsi, c’était bien Maria qu’il avait cru reconnaître dans les ruelles du Manderaggio, à Malte, et c’était Luigi Ferrato, son frère, qui lui jetait cette accusation.
Pierre s’avança à son tour, et, tout d’abord, tendant le bras vers le banquier :
« Silas Toronthal, dit-il, je suis Pierre Bathory, le fils d’Étienne Bathory, le patriote hongrois, que, d’accord avec Sarcany, votre complice, vous avez lâchement dénoncé à la police autrichienne de Trieste, et que vous avez envoyé à la mort ! »
Puis, à Sarcany :
« Je suis Pierre Bathory que vous avez tenté d’assassiner dans les rues de Raguse ! Je suis le fiancé de Sava, fille du comte Mathias Sandorf, que vous avez fait enlever, il y a quinze ans, du château d’Artenak ! »
Silas Toronthal avait été frappé comme d’un coup de massue, en reconnaissant Pierre Bathory qu’il croyait mort !
Sarcany, lui, s’était croisé les bras, et, sauf un léger tremblement de ses paupières, il conservait une impudente immobilité.
Ni Silas Toronthal ni Sarcany ne répondirent un