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justice.

sur le sort de Sarcany, de Silas Toronthal et de Carpena. Séparément emprisonnés dans les casemates du fortin, ils ignoraient même qu’ils fussent tous trois au pouvoir du docteur Antékirtt.

Le 6 décembre, deux jours après la retraite des Senoûsistes, le docteur les fit comparaître dans le hall du Stadthaus, où il se tenait à l’écart avec Pierre et Luigi.

Ce fut là que les prisonniers se virent pour la première fois, devant le tribunal d’Artenak, composé des premiers magistrats de l’île, sous la garde d’un détachement de miliciens.

Carpena paraissait inquiet ; mais, n’ayant rien perdu de sa physionomie sournoise, il jetait des regards furtifs, à droite, à gauche, et n’osait lever les yeux sur ses juges.

Silas Toronthal, très abattu, baissait la tête, et, instinctivement, fuyait le contact de son ancien complice.

Sarcany n’avait qu’un sentiment, — la rage d’être tombé entre les mains de ce docteur Antékirtt.

Luigi, s’avançant alors devant les juges, prit la parole, et s’adressant à l’Espagnol :

« Carpena, dit-il, je suis Luigi Ferrato, le fils du pêcheur de Rovigno, que ta délation a envoyé au bagne de Stein, où il est mort ! »