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mathias sandorf.

ses murailles, le rôle des assiégeants, si nombreux qu’ils fussent, allait devenir difficile.

Ceux-ci, traînant leur artillerie légère, s’étaient formés en deux colonnes. Ils marchaient sans chercher à se défiler, avec cette bravoure insouciante de l’Arabe, avec cette audace de fanatiques qu’entretiennent chez eux le mépris de la mort, l’espoir du pillage et la haine de l’Européen.

Lorsqu’ils furent à bonne portée, les batteries vomirent sur eux boulets, obus et mitraille. Plus de cent tombèrent, mais les autres ne reculèrent pas. Leurs pièces de campagne furent mises en position, et elles commencèrent à faire brèche dans un pan de mur, à l’angle de la courtine inachevée du sud.

Leur chef, toujours calme au milieu de ceux qui tombaient à ses côtés, dirigeait l’action. Sarcany, près de lui, l’excitait à donner l’assaut en lançant quelques centaines d’hommes sur la brèche.

De loin, le docteur Antékirtt et Pierre Bathory le reconnurent. Il les reconnut aussi.

Cependant la masse des assiégeants commençait à se porter vers la partie du mur, dont l’éboulement pouvait maintenant leur livrer passage. S’ils parvenaient à franchir cette brèche, s’ils se répandaient dans la ville, les assiégés, trop faibles pour leur