Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 3.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.

240
mathias sandorf.

les feux pouvaient se croiser, les canons du Ferrato, les Electrics torpilleurs, les torpilles immergées dans la passe, en auraient certainement raison. C’eût été même une chance favorable que l’attaque se fit de ce côté.

Mais, — cela n’était que trop évident, — le chef des Senoûsistes connaissait parfaitement les moyens de défense d’Antékirtta, et il n’ignorait rien de la facilité de ses atterrages dans le sud. Essayer une attaque directe du port, c’eût été courir à un immédiat et complet anéantissement. Tenter un débarquement dans la partie méridionale de l’île, qui ne se prêtait que trop aisément à cette opération, c’est ce plan qu’il avait adopté. Aussi, après avoir évité de donner dans les passes du port, comme il avait évité de prendre position sur l’îlot Kencraf, il dirigea sa flottille, à force de rames, vers les points faibles d’Antékirtta.

Dès que cela eut été reconnu, le docteur prit les mesures que commandaient les circonstances. Les capitaines Ködrik et Narsos se jetèrent chacun dans un des torpilleurs, montés par quelques marins, et s’élancèrent hors du port.

Un quart d’heure après, les deux Electrics se précipitaient au milieu de la flottille, ils en brisaient la ligne, ils faisaient sauter cinq ou six embarcations,