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mathias sandorf.

Enfin le jour se fit peu à peu, et les premiers rayons du soleil vinrent dissiper les basses brumes de l’horizon.

Tous les regards se portèrent au large, vers l’est et vers le sud d’Antékirtta.

La flottille se développait alors en une longue ligne arrondie, qui tendait à se refermer sur l’île. Il n’y avait pas moins de deux cents embarcations, dont quelques-unes jaugeaient de trente à quarante tonneaux. Ensemble, elles pouvaient porter de quinze cents à deux mille hommes.

À cinq heures, la flottille se trouvait à la hauteur de l’îlot Kencraf. Les assaillants allaient-ils l’accoster et y prendre position, avant d’attaquer directement l’île ? S’ils le faisaient, ce serait une circonstance heureuse. Les travaux de mine, exécutés par le docteur, auraient pour résultat, sinon de résoudre entièrement la question, du moins de compromettre dès le début l’attaque des Senoûsistes.

Une demi-heure s’écoula, pleine d’anxiété. On put croire que les embarcations, qui s’étaient peu à peu rapprochées de l’îlot, allaient opérer un débarquement… Il n’en fut rien. Aucune n’y relâcha, et la ligne ennemie se courba plus longuement vers le sud, en le laissant à sa droite. Il devint dès lors évident qu’Antékirtta serait directement attaquée,