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mathias sandorf.

situation de l’île ? Le docteur ne le pensa pas. Si c’était l’ennemi attendu, il ne venait pas en aveugle, il connaissait le gisement d’Antékirtta, rien ne pourrait l’empêcher de l’atteindre.

Les appareils furent donc mis en activité, et grâce à la puissance de deux faisceaux électriques projetés au large, l’horizon s’illumina soudain sur un vaste secteur.

Les vigies ne s’étaient point trompées. Deux cents embarcations, pour le moins, s’avançaient en ligne, des chébeks, des polacres, des trabacolos, des sacolèves, d’autres moins importantes. Nul doute que ce fût la flottille des Senoûsistes, que ces pirates avaient recrutée dans tous les ports du littoral. La brise manquant, c’était à l’aviron qu’ils se dirigeaient vers l’île. Pour cette traversée, relativement courte, entre Antékirtta et la Cyrénaïque, ils avaient pu se passer de l’aide du vent. Le calme de la mer devait même servir leurs desseins, puisqu’il leur permettrait d’effectuer un débarquement dans des conditions plus favorables.

En ce moment, cette flottille se trouvait encore à quatre ou cinq milles dans le sud-est. Elle ne pouvait donc accoster avant le lever du soleil. Il eût été imprudent de le faire d’ailleurs, soit pour forcer l’entrée du port, soit pour opérer une des-