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antékirtta.

En effet, n’est-ce pas aux Senoûsistes qu’il faut attribuer, depuis vingt ans, les massacres inscrits dans la nécrologie africaine ? Si on a vu périr Beurman au Kanem, en 1863, Van der Decken et ses compagnons sur le fleuve Djouba en 1865, Mlle Alexine Tinné et les siens dans l’Ouâdi Abedjoûch, en 1865, Dournaux-Duperré et Joubert près du puits d’In-Azhâr, en 1874, les pères Paulmier, Bouchard et Ménoret, au-delà d’In-Câlah, en 1876, les pères Richard, Moral et Pouplard, de la mission de Ghadamès dans le nord de l’Azdjer, le colonel Flatters, les capitaines Masson et de Dianous, le docteur Guiard, les ingénieurs Beringer et Roche sur la route de Warglâ, en 1881, — c’est que ces sanguinaires affiliés ont été poussés à mettre en pratique les doctrines sénoûsiennes contre de hardis explorateurs.

À ce sujet, le docteur s’entretenait souvent avec Pierre Bathory, Luigi Ferrato, les capitaines de sa flottille, les chefs de sa milice et les principaux notables de l’île. Antékirtta pouvait-elle résister à une attaque de ces pirates ? Oui, sans doute, bien que le dispositif de ses fortifications ne fût pas encore achevé, mais à la condition que le nombre des assaillants ne fut pas trop considérable. D’autre part, les Senoûsistes avaient-ils intérêt à s’en em-