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le préside de ceuta.

— Ne pourriez-vous pas, docteur Antékirtt, remettre d’un jour votre départ pour Gibraltar ?

— Je le ferais certainement, monsieur le gouverneur, si un rendez-vous, convenu pour demain, je vous le répète, ne m’obligeait à prendre la mer ce soir même !

— Voilà qui est véritablement regrettable, répondit le gouverneur, et je ne me consolerai jamais de n’avoir pu vous retenir plus longtemps ! Mais prenez garde ! Je tiens votre bâtiment sous le canon de mes forts, et il ne dépend que de moi de le couler sur place !

— Et les représailles, monsieur le gouverneur ! répondit en riant le docteur. Voudriez-vous donc vous mettre en guerre avec le puissant royaume d’Antékirtta ?

— Je sais que ce serait risquer gros jeu ! répondit le gouverneur sur le même ton de plaisanterie. Mais que ne risquerait-on pas pour vous garder vingt-quatre heures de plus ! »

Sans avoir pris part à cette conversation, Pierre se demandait si le docteur avait ou non cheminé vers le but qu’il voulait atteindre. Cette résolution de quitter Ceuta le soir même ne laissait pas de l’étonner quelque peu. Comment, en un si court laps de temps, parviendrait-on à combiner les me-