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la maison de sîdi hazam.

En effet, puisque la porte n’avait pas été refermée à clef, c’est que Namir allait sans doute revenir près de Sava ? Peut-être la Marocaine la gardait-elle nuit et jour ? Et cependant, quand bien même la jeune fille aurait pu quitter cette chambre, comment fût-elle parvenue à s’enfuir, sans un secours venu du dehors ? L’habitation de Sîdi Hazam n’était-elle pas murée comme une prison !

Pointe Pescade se pencha sur le divan. Quel fut son étonnement devant une ressemblance qui ne l’avait pas encore frappé, — la ressemblance de Sava Sandorf et du docteur Antékirtt !

La jeune fille ouvrit les yeux.

En voyant un étranger qui se tenait debout devant elle, le doigt sur les lèvres, le regard suppliant, dans ce bizarre accoutrement d’acrobate, elle fut tout d’abord interdite plutôt qu’effrayée. Mais, si elle se releva, elle eut assez de sang-froid pour ne pas jeter un cri.

« Silence ! dit Pointe Pescade. Vous n’avez rien à craindre de moi !… Je viens ici pour vous sauver !… Derrière ces murs, des amis vous attendent, des amis qui se feront tuer pour vous arracher aux mains de Sarcany !… Pierre Bathory est vivant…

— Pierre… vivant ?… s’écria Sava, en comprimant les battements de son cœur.