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mathias sandorf.

Pointe Pescade ouvrit cette porte qui n’était pas fermée à clef. Et alors, à la lumière d’une lampe arabe, disposée comme une veilleuse sous son verre dépoli, il put rapidement examiner la chambre.

Quelques tentures, suspendues aux parois, çà et là des escabeaux de forme mauresque, des coussins empilés dans les angles, un double tapis jeté sur la mosaïque du sol, une table basse qui portait encore les restes d’un repas, au fond, un divan recouvert d’une étoffe de laine, voilà ce que Pointe Pescade vit tout d’abord.

Il entra et referma la porte.

Une femme, assoupie plutôt qu’endormie, était étendue sur le divan, à demi recouverte d’un de ces burnous dont les Arabes s’enveloppent ordinairement de la tête aux pieds.

C’était Sava Sandorf.

Pointe Pescade n’eut aucune hésitation à reconnaître la jeune fille qu’il avait plusieurs fois rencontrée dans les rues de Raguse. Combien elle lui parut changée alors ! Pâle comme elle l’était au moment où sa voiture de mariage venait se heurter au convoi de Pierre Bathory, son attitude, sa physionomie triste, sa torpeur douloureuse, tout disait ce qu’elle avait dû et devait souffrir !

Il n’y avait pas un instant à perdre.