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mathias sandorf.

pondit avec non moins de violence le concert terrestre.

Ce fut le paroxysme de la fête. On eût dit que tous les hospices de fous de l’Ancien continent venaient de se vider sur le Soung-Ettelâtè de la Tripolitaine !

Cependant, comme si elle eût été sourde et muette, l’habitation du moqaddem était restée obstinément close pendant ces heures de réjouissance publique et pas un seul des affidés de Sîdi Hazam n’avait paru à la porte ni sur les terrasses.

Mais, ô prodige ! À l’instant où les torches venaient de s’éteindre, après l’immense enlèvement des cigognes, Pointe Pescade avait disparu tout à coup, comme s’il se fût envolé dans les hauteurs du ciel avec les fidèles oiseaux du prophète Suleyman.

Qu’était-il devenu ?

Quant à Cap Matifou, il n’eut pas l’air de s’inquiéter de cette disparition. Après avoir fait sauter sa perche en l’air, il la reçut adroitement par l’autre bout et la fit tournoyer comme un tambour-major eût fait de sa gigantesque canne. L’escamotage de Pointe Pescade n’avait semblé être pour lui que la chose du monde la plus naturelle.

Toutefois, l’émerveillement des spectateurs fut porté au comble, et leur enthousiasme s’acheva dans