Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 3.djvu/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.

200
mathias sandorf.

qui s’étaient risqués à lutter avec lui, avaient touché le sol.

Puis, ce furent des jongleries qui émerveillèrent les arabes, surtout lorsque des torches enflammées s’élancèrent des mains de Pointe Pescade aux mains de Cap Matifou en croisant leurs zig-zags de feu.

Et cependant, ce public avait le droit d’être difficile. Il y avait là bon nombre de ces admirateurs des Touaregs, à demi sauvages, « dont l’agilité est égale à celle des animaux les plus redoutés de ces latitudes », comme l’annonce l’étonnant programme de la célèbre troupe Bracco. Ces connaisseurs avaient déjà applaudi l’intrépide Mustapha, le Samson du désert, l’homme-canon, « auquel la reine d’Angleterre avait fait dire par son valet de chambre de ne pas recommencer son expérience, de peur d’accident ! » Mais Cap Matifou était incomparable dans les tours de force, et il pouvait défier tous ses rivaux.

Enfin un dernier exercice vint mettre le comble à l’enthousiasme de la foule cosmopolite qui entourait les artistes européens. Usé dans les cirques de l’Europe, il paraît qu’il était encore inconnu des badauds de la Tripolitaine.

Aussi les spectateurs s’écrasaient-ils pour voir de plus près les deux acrobates, qui « travaillaient » à la lumière des torches.