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la fête des cigognes.

ques pas seulement de la maison de Sîdi Hazam. Tous deux, pour cette occasion, avaient repris leur ancien métier d’artistes forains. Vêtus d’oripeaux qu’ils s’étaient taillés dans des étoffes arabes, ils étaient en quête de nouveaux succès.

« Tu ne seras pas trop rouillé ? avait préalablement dit Pointe Pescade à Cap Matifou.

— Non, Pointe Pescade.

— Et tu ne reculeras pas devant n’importe quel exercice pour enthousiasmer ces imbéciles ?

— Moi !… reculer !…

— Quand même il te faudrait broyer des cailloux avec tes dents et avaler des serpents ?…

— Cuits ?… demanda Cap Matifou.

— Non… crus !

— Crus ?…

— Et vivants ! »

Cap Matifou avait fait la grimace, mais, s’il le fallait, il était décidé à manger du serpent, comme un simple Aïssassoua. Le docteur, Pierre et Luigi, mêlés à la foule des spectateurs, ne perdaient pas de vue leurs deux compagnons. Non ! Cap Matifou n’était pas rouillé. Il n’avait rien perdu de sa force prodigieuse. Tout d’abord, les épaules de cinq ou six des plus robustes Arabes,