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mathias sandorf.

tone, un chef nègre, fantastiquement vêtu, la ceinture cliquetante d’osselets, la figure cachée sous un masque diabolique, excitait à la danse une trentaine de noirs, grimaçant au centre d’un cercle de femmes convulsionnées qui leur battaient des mains.

Ailleurs, de sauvages Aïssassouas, au dernier degré de l’exaltation religieuse et de l’ivresse alcoolique, la face spumeuse, les yeux hors des orbites, broyant du bois, mâchant du fer, se tailladant la peau, jonglant avec les charbons ardents, s’enroulaient de leurs longs serpents qui les mordaient aux poignets, aux joues, aux lèvres, et auxquels ils rendaient la pareille en dévorant leur queue sanglante.

Mais, bientôt, la foule se porta avec un empressement extraordinaire vers la maison de Sîdi Hazam, comme si quelque nouveau spectacle l’eût attirée de ce côté.

Deux hommes étaient là, l’un énorme, l’autre fluet, — deux acrobates dont les curieux exercices de force et d’adresse au milieu d’un quadruple rang de spectateurs provoquaient les plus bruyants hurrahs qui pussent s’échapper d’une bouche tripolitaine.

C’étaient Pointe Pescade et Cap Matifou. Ils avaient choisi le théâtre de leurs exploits à quel-