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la fête des cigognes.

l’employer ? Oui, sans doute, et ce fut le plan dont le docteur, Pierre et Luigi s’occupèrent pendant la soirée, — plan qui avait été suggéré par Pointe Pescade. En l’exécutant, le brave garçon allait risquer sa vie ; mais, s’il parvenait à pénétrer dans l’habitation du moqaddem, peut-être parviendrait-il à enlever Sava Sandorf ? Rien ne semblait impossible à son courage et à son adresse.

C’est donc pour l’exécution du plan adopté que, le lendemain, vers trois heures du soir, le docteur Antékirtt, Pierre, Luigi, se trouvaient tous trois en observation sur la plaine de Soung-Ettelâtè, pendant que Pointe Pescade et Cap Matifou se préparaient pour les rôles qu’ils devaient jouer au plus fort de la fête.

Jusqu’à cette heure, il n’y avait rien encore qui pût faire pressentir le bruit et le mouvement dont la plaine allait s’emplir à la lueur d’innombrables torches, lorsque le soir serait venu. À peine eût-on remarqué, au milieu de cette foule compacte, les allées et venues des partisans senoûsistes, vêtus de costumes très simples, qui se communiquaient, rien que par un signe maçonnique, les ordres de leurs chefs.

Mais il est à propos de faire connaître la légende orientale ou plutôt africaine, dont les principaux