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mathias sandorf.

traient sur le lieu de la scène qu’au moment d’y jouer leur rôle.

Il y avait vingt-quatre heures seulement que, dans l’après-midi, l’Electric 2 avait jeté l’ancre à l’abri de ces longues roches qui font au port de Tripoli une sorte de digue naturelle.

La traversée avait été aussi rapide au retour qu’à l’aller. Trois heures de relâche à Philippeville, dans la petite anse de Filfila, rien de plus, — ce qu’il avait fallu de temps pour se procurer des costumes arabes. Puis l’Electric était reparti immédiatement, sans même que sa présence eût été signalée dans le golfe de Numidie.

Ainsi donc, lorsque le docteur et ses compagnons avaient accosté, — non pas les quais de Tripoli, mais les roches en dehors du port, — ce n’étaient pas cinq Européens qui venaient de mettre pied sur le territoire de la Régence, c’étaient cinq Orientaux, dont le vêtement ne pouvait attirer l’attention. Peut-être, par défaut d’habitude, Pierre et Luigi, accoutrés de la sorte, se seraient-ils trahis aux yeux d’un observateur minutieux ; mais Pointe Pescade et Cap Matifou, accoutumés aux travestissements multiples des saltimbanques, cela n’était pas pour les embarrasser.

Quant à l’Electric, la nuit venue, il alla se cacher,