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mathias sandorf.

d’ailleurs, de traverser les provinces soumises à la domination française, où ce passage eût pu soulever quelques difficultés.

Le continent africain, par la configuration littorale des territoires de l’Algérie et de la Tunisie, forme un arc jusqu’à la côte ouest de la grande Syrte qui redescend brusquement au sud. Il s’ensuit donc que la route la plus directe pour aller de Tétuan à Tripoli est celle que dessine la corde de cet arc, et elle ne remonte pas dans le nord plus haut que Laghouât, l’une des dernières villes françaises sur la frontière du Sahara.

La caravane, au sortir de l’empire marocain, longea d’abord la limite des riches provinces de cette Algérie qu’on a proposé d’appeler la « Nouvelle France », et qui, en réalité, est bien la France elle-même, — plus que la Nouvelle-Calédonie, la Nouvelle-Hollande, la Nouvelle-Écosse, ne sont l’Écosse, la Hollande, et la Calédonie, puisque trente heures de mer à peine la séparent du territoire français.

Dans le Benî-Matan, dans l’Oulad-Nail, dans le Chârfat-El-Hâmel, la caravane s’accrut d’un certain nombre d’affiliés. Aussi son personnel se montait-il à plus de trois cents hommes, quand elle atteignit le littoral tunisien sur la limite de la Grande Syrte.