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la fête des cigognes.

Silas Toronthal ne devait pas tarder à dire en quel pays et en quelle ville la jeune fille était retenue sous la garde de la Marocaine.

Sarcany prit donc la résolution de se réfugier dans la Régence de Tripoli, où ne lui manqueraient ni les moyens d’action ni les moyens de défense. Mais, à s’y rendre, soit par les paquebots du littoral, soit par les chemins de fer de l’Algérie, — ainsi que l’avait bien compris le docteur, — il aurait couru trop de risques. Aussi préféra-t-il se joindre à une caravane de Senoûsistes, qui émigrait vers la Cyrénaïque, en se recrutant de nouveaux affiliés dans les principaux vilâyets du Maroc, de l’Algérie et de la province tunisienne. Cette caravane, qui devait franchir rapidement cinq cents lieues de parcours entre Tétuan et Tripoli, en suivant la limite septentrionale du désert, partit à la date du 12 octobre.

Et maintenant, Sava était entièrement à la merci de ses ravisseurs. Mais sa résolution n’en fut point ébranlée. Ni les menaces de Namir ni les colères de Sarcany ne devaient avoir prise sur elle.

Au départ de Tétuan, la caravane comptait déjà une cinquantaine d’affiliés ou de Khouâns, enrégimentés sous la direction d’un imam qui l’avait organisée militairement. Il n’était pas question,