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mathias sandorf.

tuan Originaire de la Tripolitaine, théâtre de ses premiers exploits, il ne faisait que revenir à son pays natal. Affilié d’ailleurs, on ne l’a pas oublié, à la plus redoutable secte de l’Afrique du nord, il devait trouver un secours efficace chez ces Senoûsistes, dont il n’avait jamais cessé d’être l’agent à l’étranger pour leurs acquisitions de munitions et d’armes. Aussi, en arrivant à Tripoli, avait-il pu s’établir dans la maison du moqaddem, Sîdi Hazam, chef reconnu des sectaires du district.

Après l’enlèvement de Silas Toronthal sur la route de Nice, — enlèvement encore inexplicable pour lui, — Sarcany avait quitté Monte-Carlo. Quelques milliers de francs, prélevés sur ses derniers gains, et qu’il avait eu la précaution de ne pas risquer comme dernier enjeu, lui avaient permis de subvenir aux frais de son voyage et des éventualités auxquelles il lui fallut d’abord faire face. Il avait lieu de craindre, en effet, que Silas Toronthal, réduit au désespoir, ne fût poussé à se venger de lui, soit en parlant de son passé, soit en révélant la situation de Sava. Or le banquier n’ignorait pas que la jeune fille était à Tétuan, entre les mains de Namir. De là, cette résolution que prit Sarcany de quitter le Maroc dans le plus bref délai.

En réalité, c’était agir prudemment, puisque