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mathias sandorf.

chiens gros comme de petits ânes, des mules, portant l’énorme selle arabe dont le troussequin et le pommeau s’arrondissent comme les bosses du chameau ; puis, des cavaliers, le fusil en travers du dos, les genoux à la hauteur de la poitrine, les pieds engagés dans des étriers en forme de babouches, le double sabre à la ceinture, galopant au milieu d’une foule d’hommes, de femmes, d’enfants, sans s’inquiéter de ce qu’ils pouvaient écraser à leur passage ; enfin, des indigènes, presque uniformément vêtus du « haouly » barbaresque, sous lequel on ne saurait distinguer une femme d’un homme, si les hommes ne rattachaient pas les plis de cette couverture à leur poitrine au moyen d’un clou de cuivre, tandis que les femmes en font retomber le pan supérieur sur leur figure, de façon à n’y voir que de l’œil gauche, — costume qui varie suivant les classes, — pour les pauvres le simple manteau de laine sous lequel ils sont nus, pour les gens aisés la veste et la culotte large des Arabes, pour les riches de splendides ajustements, quadrillés de couleurs blanches et bleues, sur un second haouly de gaze, où le luisant de la soie se mêle au mat de la laine par-dessus la chemise pailletée d’or.

Les Tripolitains étaient-ils donc seuls à s’entasser sur cette plaine ? Non. Aux abords de la capitale