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une poignée de main de cap matifou.

Sava avait-elle donc écrit ? Puis, surprise par ce départ précipité, s’était-elle décidée à brûler cette lettre avant de quitter Tétuan ? Ou même, — ce qui était possible, — cette lettre, trouvée sur Sava, n’avait-elle pas été anéantie par Sarcany ou Namir ?

Pierre avait suivi les regards du docteur, qui était penché au-dessus du brasero. Qu’y avait-il donc ?

Sur ces restes de papier qu’un souffle pouvait réduire en cendres, quelques mots se détachaient en noir, — entre autres ceux-ci, malheureusement incomplets : « Mad… Bath… »

Sava, ne sachant pas, ne pouvant savoir que Mme Bathory eût disparu de Raguse, avait-elle tenté de lui écrire comme à la seule personne en ce monde dont elle pût réclamer l’assistance ?

Puis, à la suite du nom de Mme Bathory, on pouvait aussi déchiffrer un autre nom — celui de son fils…

Pierre, retenant son haleine, essayait de retrouver quelque mot qui fût lisible encore !… Mais son regard s’était troublé !… Il ne voyait plus !…

Et cependant, il y avait encore un mot qui pouvait mettre sur les traces de la jeune fille, — un mot que le docteur parvint à retrouver presque intact…