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mathias sandorf.

scène ne l’avait pas retenu plus d’une demi-minute. Personne n’avait pu remarquer ce qui venait de se passer entre l’Espagnol et lui, — personne, si ce n’est Pierre Bathory.

« Maintenant, cet homme est à moi, lui dit le docteur, et je puis le contraindre…

— À nous apprendre tout ce qu’il sait ? demanda Pierre.

— Non, mais à faire tout ce que je voudrai qu’il fasse, et cela, inconsciemment. Au premier regard que j’ai d’abord jeté sur ce misérable, j’ai senti que je pourrais devenir son maître, substituer ma volonté à la sienne.

— Cet homme, pourtant, n’est point un malade.

— Eh ! crois-tu donc que ces effets de l’hypnose ne se produisent que chez les névropathes ? Non, Pierre, les plus réfractaires sont encore les aliénés. Il faut, au contraire, que le sujet ait une volonté, et j’ai été servi par les circonstances en trouvant dans ce Carpena une nature toute disposée à subir mon influence. Aussi va-t-il rester endormi tant que je n’interviendrai pas pour faire cesser son sommeil.

— Soit, répondit Pierre, mais à quoi bon, puisque, même en l’état où il se trouve maintenant, il est impossible de le faire parler de ce que nous avons intérêt à savoir !