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une poignée de main de cap matifou.

de la Marocaine. C’eût été peut-être tout risquer au cas d’une rencontre qui aurait donné l’éveil et permis de se mettre hors de leurs atteintes. Ils restèrent donc en proie aux plus vives inquiétudes. Il était neuf heures, quand Luigi et Pointe Pescade rentrèrent à la fonda.

Leur visage attristé ne disait que trop qu’ils apportaient de mauvaises nouvelles.

En effet, Sarcany et Namir, accompagnés d’une jeune fille que personne ne connaissait, avaient quitté Tétuan depuis cinq semaines, laissant la maison à la garde d’une vieille femme.

Le docteur et Pierre ne pouvaient s’attendre à ce dernier coup : ils furent atterrés.

« Et pourtant, ce départ ne s’explique que trop ! fit observer Luigi. Sarcany ne devait-il pas craindre que Silas Toronthal, par vengeance ou pour tout autre motif, ne révélât le lieu de sa retraite ? »

Tant qu’il ne s’était agi que de poursuivre des traîtres, le docteur Antékirtt n’avait jamais désespéré d’accomplir son œuvre. Mais, maintenant, c’était sa fille qu’il fallait arracher des mains de Sarcany, et il ne se sentait plus la même confiance !

Cependant Pierre et lui furent d’accord pour aller immédiatement visiter la maison de Namir.