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mathias sandorf.

portât la mule, au lieu que la mule portât Cap Matifou ! »

Vers neuf heures et demie, l’Arabe s’arrêtait devant un grand mur blanc, surmonté de tours et de créneaux, qui défend la ville de ce côté. Dans ce mur s’ouvrait une porte basse, enjolivée d’arabesques à la mode marocaine. Au-dessus, à travers de nombreuses embrasures, s’allongeaient des gueules de canons, semblables à de gros caïmans, nonchalamment endormis au clair de lune.

La porte était fermée. Il fallut parlementer pour la faire ouvrir, l’argent à la main. Puis, tous s’enfoncèrent à travers des rues sinueuses, étroites, la plupart voûtées, avec d’autres portes, bardées de ferrures, qui furent successivement ouvertes par les mêmes moyens.

Enfin, un quart d’heure après, le docteur et ses compagnons arrivèrent à une auberge, une « fonda » — la seule de l’endroit — tenue par une Juive et servie par une fille borgne.

Le manque de confort de cette fonda, dont les modestes chambres étaient disposées autour d’une cour intérieure, s’expliquera par le peu d’étrangers qui s’aventurent jusqu’à Tétuan. Il ne s’y trouve même qu’un seul représentant des puissances européennes, le consul d’Espagne, perdu au milieu