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une poignée de main de cap matifou.

Or, à toute vitesse, l’Electric 2 pouvait faire près de vingt-sept milles à l’heure. Combien de trains de chemins de fer n’ont pas cette rapidité ! Donc, à ce long fuseau d’acier, qui ne donnait aucune prise au vent, qui passait à travers la houle, qui ne s’inquiétait pas des coups de mer, il ne fallait pas cinquante heures pour arriver à destination.

Le lendemain, avant le jour, l’Electric 2 avait doublé le Cap Bon. Depuis ce point, après avoir passé à l’ouvert du golfe de Tunis, il ne lui fallut que quelques heures pour perdre de vue la pointe de Bizerte. La Calle, Bône, le Cap de Fer, dont la masse métallique, dit-on, trouble l’aiguille des boussoles, la côte de l’Algérie, Stora, Bougie, Dellys, Alger, Cherchell, Mostaganem, Oran, Nemours, puis, les rivages du Rif, la pointe de Mellila, qui est espagnole comme Ceuta, le cap Tres-Forcas, à partir duquel le continent s’arrondit jusqu’au cap Negro, — tout ce panorama du littoral africain se déroula pendant les journées du 20 et du 21 novembre, sans un incident, sans un accident. Jamais la machine, actionnée par les courants de ses accumulateurs, n’avait donné un pareil rendement. Si l’Electric fut aperçu, tantôt au long des côtes, tantôt au large des golfes qu’il coupait de cap en cap, les sémaphores durent croire à l’apparition d’un