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une poignée de main de cap matifou.

Maria, comprenant qu’il convenait de les laisser seuls, se retira dans la grande salle du Stadthaus.

Le docteur Antékirtt s’approcha alors, et, la main appuyée sur l’épaule de Pierre :

« Madame Bathory, dit-il, j’avais déjà fait mon fils du vôtre ! Mais, ce qu’il n’était encore que par l’amitié, je ferai tout pour qu’il le devienne par l’amour paternel, en épousant Sava… ma fille…

— Votre fille ?… s’écria Mme Bathory.

— Je suis le comte Mathias Sandorf ! »

Mme Bathory se releva soudain, étendit les mains, et retomba dans les bras de son fils. Mais, si elle ne pouvait parler, elle pouvait entendre. En quelques mots, Pierre lui apprit tout ce qu’elle ignorait, comment le comte Mathias Sandorf avait été sauvé par le dévouement du pêcheur Andréa Ferrato, pourquoi, pendant quinze ans, il avait voulu passer pour mort, comment il avait reparu à Raguse sous le nom du docteur Antékirtt. Il raconta ce qu’avaient fait Sarcany et Silas Toronthal dans le but de livrer les conspirateurs de Trieste, puis la trahison de Carpena, dont Ladislas Zathmar et son père avaient été victimes, enfin, comment le docteur l’avait arraché vivant au cimetière de Raguse pour l’associer à l’œuvre de justice qu’il voulait accomplir. Il acheva son récit en disant que deux de ces misérables, le