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une poignée de main de cap matifou.

Sarcany se serait déjà hâté d’en tirer tous ses avantages.

Et maintenant, quels regrets dut éprouver le docteur Antékirtt ! N’était-ce pas lui qui avait provoqué ce déplorable enchaînement de faits, d’abord en refusant son concours à Pierre, puis, en laissant Sarcany poursuivre ses projets, alors qu’il eût pu, lors de leur rencontre à Cattaro, le mettre hors d’état de nuire, enfin, en ne rendant pas à Mme Bathory ce fils qu’il venait d’arracher à la mort ? En effet, que de malheurs eussent été évités si Pierre se fût trouvé près de sa mère, lorsque la lettre de Mme Toronthal était arrivée à la maison de la rue Marinella ! Sachant que Sava était la fille du comte Sandorf, est-ce que Pierre n’aurait pas su la soustraire aux violences de Sarcany et de Silas Toronthal ?

À présent, où était Sava Sandorf ? Au pouvoir de Sarcany, certainement ! Mais en quel lieu la cachait-il ? Comment la lui arracher ? Et pourtant, dans quelques semaines, la fille du comte Sandorf aurait atteint sa dix-huitième année, — limite fixée pour qu’elle n’eût pas perdu sa qualité d’héritière, — et cette circonstance devait pousser Sarcany aux dernières extrémités pour l’obliger à consentir à cet odieux mariage !