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mathias sandorf.

thory s’arrêta et demeura immobile. Puis, après s’être agenouillée sur la première marche, elle se courba, et alors on l’entendit pleurer…

À ce moment, la grille de la chapelle s’ouvrit lentement. Couvert d’un linceul blanc, comme s’il fût sorti de sa tombe, Pierre apparut en pleine lumière…

« Mon fils !… mon fils !… » s’écria Mme Bathory, qui tendit les bras et tomba sans connaissance.

Peu importait ! Le souvenir et la pensée venaient de renaître en elle ! La mère s’était révélée ! Elle avait reconnu son fils !

Les soins du docteur l’eurent bientôt ranimée, et, lorsqu’elle eut repris connaissance, lorsque ses yeux rencontrèrent ceux de son fils :

« Vivant !… mon Pierre… Vivant !… s’écria-t-elle.

— Oui !… vivant pour toi, ma mère, vivant pour t’aimer…

— Et pour l’aimer… elle aussi !

— Elle ?…

— Elle !… Sava !…

— Sava Toronthal ?… s’écria le docteur.

— Non !… Sava Sandorf ! »

Et Mme Bathory, prenant dans sa poche une lettre froissée qui contenait les dernières lignes écrites