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mathias sandorf.

s’échappa de ses lèvres, et on eût pu croire qu’elle avait oublié celui de Sava.

Mme Bathory, ramenée au Stadthaus, se montra en proie à une de ces agitations nerveuses dont elle n’avait plus l’habitude. Ce calme, qui jusqu’alors avait été la caractéristique de son état mental, fit place à une singulière exaltation. En ce cerveau, il se faisait évidemment un travail de vitalité, qui était de nature à donner bien de l’espoir.

En effet, la nuit fut troublée et inquiète. Mme Bathory, à plusieurs reprises, laissa entendre quelques vagues paroles que Maria put à peine saisir, mais il fut constant qu’elle rêvait. Et, si elle rêvait, c’est que la raison commençait à lui revenir, c’est qu’elle serait guérie, si sa raison se maintenait dans l’état de veille !

Aussi le docteur résolut-il de faire, dès le lendemain, une nouvelle tentative, en l’entourant d’une mise en scène plus saisissante encore.

Pendant toute cette journée du 18, Mme Bathory ne cessa d’être sous l’empire d’une violente surexcitation intellectuelle. Maria en fut très frappée, et Pierre, qui passa presque tout ce temps près de sa mère, éprouva un pressentiment du plus heureux augure.

La nuit arriva, — une nuit noire, sans un souffle