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l’apparition.

restée un peu en arrière, se rapprocha lentement, mit sa main sur la grille de fer, regarda la paroi du fond, vivement éclairée par la lampe, et se retira précipitamment.

Maria, revenue près d’elle, l’entendit alors murmurer un nom à plusieurs reprises.

C’était la première fois, depuis si longtemps, que les lèvres de Mme Bathory s’entrouvraient pour parler !

Mais alors quel fut l’étonnement, — plus que de l’étonnement, — la stupéfaction de tous ceux qui purent l’entendre ?…

Ce nom, ce n’était pas celui de son fils, ce n’était pas celui de Pierre !… C’était le nom de Sava !

Si l’on comprend ce que dut ressentir Pierre Bathory, qui pourrait peindre ce qui passa dans l’âme du docteur à cette évocation si inattendue de Sava Toronthal ? Il ne fit aucune observation, cependant, il ne laissa rien voir de ce qu’il venait d’éprouver.

Un autre soir encore, l’épreuve fut reprise. Cette fois, Mme Bathory, comme si elle eût été conduite par une main invisible, vint s’agenouiller d’elle-même sur le seuil de la chapelle. Sa tête se courba alors, un soupir gonfla sa poitrine, une larme tomba de ses yeux. Mais, ce soir-là, pas un nom ne