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mathias sandorf.

la campagne jusqu’au cimetière. Là, devant le seuil de la petite chapelle, Mme Bathory resta inerte et muette, comme elle l’était toujours, bien qu’à la clarté d’une lampe, qui brillait à l’intérieur, elle eût pu lire le nom d’Étienne Bathory gravé sur la plaque de marbre. Seulement, lorsque Maria et le vieillard se furent agenouillés sur la marche, il y eut dans son regard une sorte d’éclair qui s’éteignit aussitôt.

Une heure après, Mme Bathory était de retour au Stadthaus, et, avec elle, tous ceux qui, de près ou de loin, l’avaient suivie pendant cette première expérience.

Le lendemain et les jours suivants, on recommença ces épreuves qui ne donnèrent aucun résultat. Pierre les avait observées avec une émotion poignante et se désespérait déjà de leur inanité, bien que le docteur lui répétât que le temps devait être son plus utile auxiliaire. Aussi ne voulait-il frapper le dernier coup que lorsque Mme Bathory paraîtrait suffisamment préparée pour en ressentir toute la violence.

Toutefois, à chaque visite au cimetière, un certain changement, qu’on ne pouvait méconnaître, se produisait dans l’état mental de Mme Bathory. Ainsi, un soir, lorsque Borik et Maria se furent agenouillés sur le seuil de la chapelle, Mme Bathory, qui était