Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 3.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.

144
mathias sandorf.

Pierre Bathory adjurait le docteur de tenter même l’impossible pour guérir sa mère.

« Non, répondait le docteur, cela même ne pourrait réussir ! Les aliénés sont précisément les sujets le plus réfractaires à ce genre de suggestions ! Pour éprouver cette influence, Pierre, il faudrait que ta mère eût encore une volonté personnelle, à laquelle je pusse substituer la mienne ! Je te le répète, cela serait sans effet sur elle !

— Non !… je ne veux pas l’admettre, reprenait Pierre, qui ne pouvait se rendre. Je ne veux pas admettre que ma mère n’arrive un jour à reconnaître son fils… son fils qu’elle croit mort !…

— Oui !… qu’elle croit mort ! répondit le docteur. Mais… peut-être si elle te croyait vivant… ou bien, si, amenée devant ta tombe… elle te voyait apparaître… »

Le docteur s’était arrêté sur cette idée. Pourquoi une telle secousse morale, provoquée dans des conditions favorables, n’agirait-elle pas sur Mme Bathory ?

« Je le tenterai ! » s’écria-t-il.

Et, lorsqu’il eut dit sur quelle épreuve il basait l’espoir de guérir sa mère, Pierre tomba dans les bras du docteur.

À partir de ce jour, la mise en scène, qui pou-