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l’apparition.

lueurs du jour, il mouillait dans le port d’Antékirtta.

Mme Bathory fut immédiatement débarquée, conduite à Artenak, installée dans une des chambres du Stadthaus, et Maria quitta sa maison pour venir demeurer près d’elle.

Quel nouveau sujet de douleur pour Pierre Bathory ! Sa mère privée de raison, sa mère devenue folle dans des circonstances qui allaient rester sans doute inexplicables ! Et encore, si la cause de cette folie eût été connue, peut-être aurait-on pu provoquer quelque salutaire réaction ! Mais on ne savait rien, on ne pouvait rien savoir !

« Il faut la guérir !… Oui !… Il le faut ! » s’était dit le docteur, qui se dévoua tout entier à cette tâche.

Tâche difficile, cependant, car Mme Bathory ne cessa pas de rester dans une complète inconscience de ses actes, et jamais un souvenir du passé ne reparaissait en elle.

Et pourtant, cette puissance de suggestion que le docteur possédait à un si haut degré, dont il avait déjà donné de si incontestables preuves, n’était-ce pas le cas de l’employer pour modifier l’état mental de Mme Bathory ? Ne pouvait-on, par influence magnétique, rappeler la raison en elle et l’y maintenir jusqu’à ce que la réaction se fût produite ?